Certaines traditions du Mexique affirment qu’il relève de l’art de chacun de maîtriser le rêve de sa vie. L’Artiste est celui qui utilise la conscience et la foi en son trésor intérieur et en la vie pour mettre au monde son rêve. A chacun de perfectionner son Art dans ce sens...
La vase, la fleur, le diamant
La vie est faite de passages. Tout passe, chaque instant est l’occasion d’être neuf et d’affirmer notre être au monde en créant au présent. Nombreuses traditions traduisent cet état d’être par le terme de réalisation. Dans le tarot de Marseille, la dernière carte des arcanes majeurs, « Le monde », montre un être androgyne qui danse dans une harmonie parfaite entre action et réception. Tous les centres de vie, l’esprit, le coeur, le corps, la sexualité et la créativité, sont stables, réalisés, ils sont parvenus à l’harmonie dans la transcendance de la pleine éclosion. D’autres traditions, notamment le bouddhisme ou l’hindouisme parlent de la révélation, à travers le symbole d’une fleur ou d’un diamant. « Ô le diamant dans le lotus », célèbre phrase du Bouddha, allégorie du trésor intérieur qui nous fonde. Elles parlent également de libération. Être libre, nous disent ces enseignements, est notre véritable nature, que, pris dans le jeu de la grande illusion, nous avons oublié.
Ainsi, poussés dans le sens aliénant des règles et des idéologies qui régissent nos modèles de sociétés fondés sur l’injustice et la domination invisible, nous nous voyons accepter comme une fatalité de vivre un vie qui ne nous correspond pas vraiment. Lorsque nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous voyons en effet qu’il y a en nous des tas de rêves refoulés que nous nous interdisons d’accomplir, des désirs précieux qui ne sont pas seulement des caprices du mental, mais bel et bien des élans sincères jaillis du plus profond de notre être. A l’intersection entre ces désirs profonds et un sens inculqué de la norme, nous restons bloqués dans une sensation d’inhibition, et de frustration. Nous vivons à côté de la cible, autrement dit à côté de la vérité de qui nous sommes réellement.
Enfouissant nos trésors de fleurs et de diamants de manière plus ou moins résiliente et subtile, au lieu de danser notre vie dans la joie et l’épanouissement de notre expression unique, comme des zombies, nous finissons par nous résigner à suivre. Graduellement nous nous habituons au vol de notre vie, et nous nous avançons vers la mort, cachés derrière les masques de rôles limitants que nous avons appris à jouer et dans des recoins d’ombre et de stagnation où comme dans un labyrinthe, nous errons.
« Le rêve ? La réalité »
Presque toutes les traditions spirituelles parlent de rêve pour définir les multiples aspects de la réalité. Ces traditions nous montrent que toute incarnation dans la matière est le fruit d’un rêve. Ce dernier naît dans la pensée et il est véhiculé par le pouvoir de la parole, (prononcée ou non) qu’il revient à chacun d’utiliser à bon escient. Cette pensée et ces paroles, utilisées pour ou contre nous-mêmes, vont en effet, être à l’origine des sensations que nous éprouvons dans notre corps et à travers la vie de nos émotions, façonner dans la matière les formes du rêve, autrement dit, modeler la réalité que nous vivons.
A la base de tous les enseignements se trouve ainsi la notion de purification du mental, autrement dit le désencombrement des idées fausses qui se manifestent dans la pensée et qui vont être les créatrices - alliées ou ennemies- de nos réalités. Ainsi que sous des formes diverses plusieurs enseignements spirituels nous encouragent à travers la méditation assise ou en action, à regarder et à prendre conscience de l’histoire que nous nous racontons sur nous-même, et dans laquelle se meut la personne limitée que nous croyons être. Ainsi que cette personne (nous-même) est invitée à être regardée comme le personnage principal du drame que nous créons nous-mêmes, et que nous appelons notre vie.
On comprend qu’il appartient à chacun de se réaproprier le rêve, de comprendre qu’il n’y a pas de séparation entre ce qui serait le rêve et ce qui serait la réalité, et que par conséquent aucun rêve n’est plus « réel » qu’un autre. Certains rêves peuvent en revanche être regardés comme plus ou moins proches de la vérité.
« Maîtriser le rêve »
Chacune des situations que nous vivons peuvent ainsi être regardées comme les conséquences de choix plus ou moins conscients que nous faisons. Nous sentons parfois en effet clairement ce qui serait juste et bon pour nous, mais notre mental a été tellement dompté contre nous-même, que malgré les signaux de souffrance issus de cette trahison ou de ce non alignement, nous croyons toutes sortes de raisons et d’excuses qu’il nous propose, pour justifier rationnellement de vivre à coté de nous-même. Des « voix » sont là pour s’assurer que nous restons dans les limitations et les cadres qui nous limitent. Elles nous expliquent que vivre la vie au plus près de notre vision intérieure, en toute intégrité et respect pour nous-même, serait un luxe réservé seulement à des privilégiés. Ici la crainte matérielle semble être souvent l’argument paralysant majeur. « On ne vit pas de ses rêves »…
Dès l’instant où nous croyons cette idée, nous voilà propulsés dans le rêve d’enfer de quelqu’un d’autre, qui voudrait nous faire croire qu’il est juste de se laisser gouverner par le mensonge, privés de nos bien les plus précieux, l’amour et le respect pour nous-même, le pouvoir de créativité, l’intégrité absolue et la liberté.
Or dans une vision sage et spirituelle du monde, la notion de « réussite » dans la matière relève de la loi d’abondance. L’image du fruit de son travail est alors remplacée par une image symbolique de développement et de croissance naturelle, où tout est juste et à sa place, sur le plan matériel autant que sur les autres. Si la volonté, le coeur et la créativité sont alignés et mises au service de l’incarnation, il n’y a aucune raison que cette dernière se passe mal.
Quelque soit le domaine où nous choisirons de semer des graines et de cultiver notre jardin, celui-ci verra croître les meilleurs fruits, ces derniers vont être partagés, le jardin va croître et les fruits se multiplier.
En résumé, une vie menée à partir de la conscience du trésor intérieur ne peut pas « échouer » car elle ne peut pas être touchée par le seau du manque. Révélée au contraire à la notion de totalité, elle ne peut plus croire l’idée selon laquelle, nous ne serions rien, ou nous n’aurions rien. Elle est remplacée par la croyance puissante égale à la foi que tout est là et qu’ici absolument rien ne manque. Cette nouvelle croyance c’est la force même de la vie alignée avec elle-même, elle nous donne la joie d’être et des ailes pour entreprendre.
Par la maîtrise du rêve, nous devenons Artistes de nos vies.
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