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Photo du rédacteurShambhala Ananda

Qu'est-ce que l'abus ? Comment le reconnaître et s'en libérer ?

Dernière mise à jour : 28 févr. 2020

Qu'est-ce que l'abus ? Le reconnaître en soi. S'en libérer.




Il peut être difficile de reconnaître que l’abus est au coeur d’une vie, qu’il la dirige de manière invisible en bloquant notamment l’élan naturel, de vie, d’amour et d’expansion créative. L’abus trouve ses racines dans l’enfance. Il se perpétue souvent d’une génération à une autre au sein d’un arbre généalogique.


On parle généralement d’abus sexuel, mais il y en a d’autres formes tout aussi graves et destructrices. L’abus peut être également intellectuel, émotionnel, créatif, physique et même matériel. S’immisçant dans les centres vitaux principaux de l’être humain, il agit comme un lien traumatisant durable qui paralyse ou dérègle un ou plusieurs centres de vie (l’intellect, le coeur, le corps, la créativité/sexualité).


Un travail courageux qui en passe par une prise de conscience profonde de la nature précise de ce qui a été subi et de comment changer de paradigme, peut permettre de couper cours à l’effet de répétition souvent inéluctable. Sous des formes parfois non reconnaissables, il continue en effet à agir, engendrant ses conséquences, tel un cercle sans fin. A la racine de nombreuses dépressions récurrentes, sentiments d’incapacité, de paralysie ou d’écrasement, de blocages, difficultés à agir, relations conflictuelles…se trouve très souvent un abus plus ou moins conscient, souvent partiellement enfoui dans le déni ou la honte. Dans tous les cas, l’abus génère une sensation de violence et de non respect de soi, des schémas de comportements marqués par l’humiliation, la dépendance, la violence, le sabotage ou l’empêchement, souvent ressentis avec des états de profonde tristesse, d’impuissance ou de colère.


Qu’est-ce que l’abus ?


Le verbe aboutor en latin signifie : utiliser jusqu’à total épuisement, consumer totalement, user librement de, dévier un objet de sa destination originelle


César disait : « abuser de la vie de ses soldats » = Les envoyer se faire massacrer


Aujourd’hui on parle d’abus de pouvoir, de confiance, d’autorité, souvent d’abus sexuel…Le concept renvoie à un usage qui par défaut de conscience, manque de modération, d’équilibre, de justice. Il renvoie à l’erreur et à l’excès. Souvent sous estimées, par l’abusé même, les conséquences sont en général graves.


La plupart du temps les racines de l’abus se trouvent dans l’enfance. Des actes abusifs sont infligés à des enfants vulnérables qui dépendent de leurs parents ou des adultes en qui ils ont confiance et qui sont censés leur assurer amour, protection et sécurité.


Lorsque l’abus semble se reproduire à l’âge adulte (dans les relations de couples, injustices familiales, situations d’humiliations, amicales, amoureuses, professionnelles …), il faut aller chercher la source pour pouvoir s’en libérer. En effe l’abus qui a pu se produire une ou plusieurs fois dans l’enfance, tend à devenir un schéma sur lequel se bâtit la structure d’un individu sans que souvent il ou elle en est conscience. Souvent l’abus se reproduit dans des situations de pouvoir (relations avec un parent, un partenaire, un collègue, un thérapeute, un dirigeant,…), c’est alors l’occasion de revivre l’abus sans même s’en rendre compte.


L’acte concerne un acte traumatisant, qui s’est produit une ou plusieurs fois, parfois et souvent à travers l’usage de la séduction et de la manipulation, usant ainsi d’une forme de violence plus ou moins reconnaissable, sous des airs innocents ou inoffensifs, ce qui ajoute de la confusion du traumatisme, assortie souvent d’un sentiment de culpabilité de la part de l’abusé. Très souvent, l’individu s’est construit dans « un climat d’abus », qui par la suite lui semblera normal, et qu’il ou elle tendra à reproduire ou rechercher sans s’en rendre compte.


Le principe de répétition de l’abus


Colère, frustration, tristesse, émotions réprimées nées de l’abus, les enfants grandissent la plupart du temps en imitant ou en refusant le modèle inculqué, mais souvent le refus ou la révolte, n’annulent pas pour autant le schéma, il crée au contraire un lien d’attache qui caché, reste très puissant. Tant que l’abus n’est pas travaillé en conscience, il continue à agir de manière invisible dans toutes les situations de la vie.


Conséquences et loi de répétition


- Je me fais subir ce qu’on m’a fait subir même si ce n’est pas pour mon bien et que cela me conduit à la négation de mon intégrité et l’autodestruction


- Je « rends » « le mal », « la violence » ou « la déviance » qu’on m’a infligé, en l’infligeant de même ou sous une autre forme aux autres. Je peux tout à fait le faire en disant ou pensant que c’est justifié ou voire même que c’est pour leur bien!


Ainsi l’abus se perpétue.


Quand l’abus et l’amour sont confondus


La manière dont nous sommes traités dans l’enfance et les sentiments que nous éprouvons en conséquence forment notre personnalité. Même si le lien qui nous attache à nos parents contient l’abus, il est très difficile de s’en défaire. La famille étant un concept très puissant et le fait de remettre en question les valeurs qu’elle a inculqué un tabou, il est très difficile pour l’enfant intérieur resté au coeur de l’adulte de remettre en question le lien qui l’a construit, sous peine de mourir en étant exclu du clan. Souvent l’abus est accepté comme une marque d’amour et confondu avec ce dernier.


Prendre pleinement conscience de l’abus, le reconnaître en soi


Difficulté à être aligné avec soi, à être au monde, manque d’élan, sensation de blocages, de ne pas être à sa place, de ne pas oser, de ne pas pouvoir, de ne pas être capable, de ne pas vivre son rêve, ou la vie désirée, sensations de subir une situation qui ne nous convient pas, ne pas pouvoir sortir de schémas limitants invisibles…


Tout abus se manifeste sous une forme d’arrêt ou de stagnation : peur, angoisse, noeud, honte, attitude compulsive, addictive, situations de dépendance, incapacité à agir, à se sentir en paix, moments de paralysie pouvant alterner avec des moments de suractivité…


L’abus interrompt le mouvement spontané de la vie, de l’élan amoureux vers soi, vers l’autre, vers le monde, il vient brimer l’élan créateur ou le marquer à son seaux, il bloque le processus naturel du développement de la Conscience. Il vient semer la confusion, le doute, sous forme d’obsession, de peur, et de fixation. Il crée des blocages et des dysfonctionnements dans certains centres, créant un déséquilibre général. Très souvent la croissance psychique se bloque à l’âge où il y a eu abus. Toute une part de la personne reste ainsi bloquée dans l’âge du traumatisme.


Cela va donner lieu à des comportements de retrait, d’isolement, ou au contraire alternativement excessifs, violents d’abuseurs.


Pour aller plus loin


Quel type d’abus ?


L’abus peut être de nature intellectuelle, psychique, affectif ou émotionnel, corporel ou matériel, sexuel ou créatif.


Quelques exemples :


Abus intellectuel ou psychique:

« Ton père et moi souhaitons que tu sois médecin, ministre, directeur, professeur, artiste… »

« Tu n’es pas assez bon pour ça »

« Cesse de prendre la parole. Tu ne comprends pas »

Injurier un enfant

Menacer un enfant

Terroriser un enfant

Demander à un enfant de prendre part dans des conflits qu’il n’est pas encore en mesure de gérer ni intellectuellement ni émotionnellement

Vouloir à tout prix inculquer des règles ou des valeurs rigides qui viennent limiter l’esprit et le mental avec des pensées erronés et terrorisantes

« Tu n’arriveras jamais à rien comme ça »

« Tu ne gagneras jamais ta vie avec ça »..


Abus affectif / émotionnel:

Tout ce qui va à l’encontre de l’amour inconditionnel

Manipulations affectives :

« Tu me fais plaisir si tu fais ceci ou cela »

« On t’aime si tu travailles bien à l’école »

« Je t’aime si … »

Indifférence ou absence de communication

Vouloir garder un enfant pour soi, ou auprès de soi

Faire jouer à un enfant le rôle du conjoint absent (le père ou la mère)

Demander à l’enfant de prendre soin du parent ou de ses frères et soeurs

Confier des conflits de couple à un enfant, en lui demandant de prendre partie

Demander à l’enfant de veiller sur le parent ou « de le sauver »…


Abus Corporel ou matériel:

Il y a abus matériel dans certaines situations où des biens entre frères et soeurs ne sont partagés équitablement

Nourrir trop ou pas assez un enfant

Battre un enfant, le punir par des sévices corporels (la chaussure, la ceinture, le martinet, le baton, la main..)

Manipuler un enfant ou une fratrie avec des marques d’amour à travers l’argent (toi tu as ça, toi ça…)

Ne pas protéger un enfant lors d’une situation violente ou menaçante


Abus sexuel ou créatif :

Parents intrusifs qui veulent s’immiscer dans la vie intime de l’enfant

Parler des problèmes de vie intime du couple à l’enfant

Forcer un enfant ou une personne à des pratiques sexuelles qui ne sont pas de son âge ou qu’il ou elle ne désire pas

Empêcher à un ado d’exprimer sa sexualité lorsqu’il ou elle est en âge

Réprimer la créativité d’un enfant

Forcer un enfant dans une voie qu’il ou elle ne désire pas suivre pour satisfaire la projection du parent…


Ces pièges qui voudraient minimiser les conséquences de l‘abus


Très souvent l’abusé tend à minimiser ce qui qu’il ou a subi, voire à excuser l’abuseur et à se rendre soi-même coupable de la maltraitance qui a été infligée. Ainsi il n’est pas rare d’entendre l’abusé utiliser les formules de ce type :


« Ce n’est pas de leur faute…

On vivait dans des conditions difficiles…

Ils travaillaient durs, ils n’avaient pas le temps pour nous…

Ils ne savaient pas…

Ils ont été éduqué à la dure…

Je n’étais pas un enfant facile…

J’ai dû bien le mériter…

Ca n’était pas si grave…

Parfois aussi il ou elle était gentil(lle)

Mais il y avait aussi beaucoup d’amour… »


Dans tous les cas, l’abus est grave. Le principe est que l’abuseur prend littéralement le pouvoir d’un autre - d’aimer, de penser, de vivre, de créer, de ressentir du plaisir, de s’épanouir, d’être soi…- . Il s’octroie un pouvoir de possession, d’utilisation ou de manipulation d’une partie de l’autre, qui laisse l’abusé vide, humilié et dépossédé de soi.


SORTIR DE L’ABUS ?


La prise de conscience est une première étape fondamentale, ne pas avoir honte de demander à être aidé(e) pour regarder pleinement la vérité et sortir du secret, puis vient la phase d’action : apprendre graduellement à partir de là à agir en se retournant, en conscience, autrement dit, dans chaque nouvelle situation être capable d’identifier la répétition de la situation d’abus sous une forme différente et apprendre à s’en détourner, en disant « non » fermement intérieurement. Ainsi se défaire d’un vieux schéma, laisser une part de son identité connue, et en commençant à vivre au sein d’un nouveau paradigme à affirmer pleinement qui l’on est. Graduellement retrouver pleine confiance dans la vie et dans sa propre intégrité, sortir de la peur, retrouver le goût de l’autonomie et de liberté.


Vous souhaitez travailler sur ce thème


Un atelier est organisé prochainement :


"Reconnaître les mécanismes de l'abus. S'en libérer"


L’atelier se déroule sur trois demi-journées en groupe restreint. Il alterne entre temps de compréhension et d’assimilation, de prises de paroles en groupe, de temps individuels avec la praticienne, et de temps d'action expérientielle et créative.


Parole, corps, ressenti émotionnel et créativité sont convoqués. Le but est que chacun à la fin de l’atelier prenne la mesure de ce qui a fondé jusque là ses schémas de vie, qu’il ou elle soit désormais en mesure de les identifier pleinement et qu’il ou elle puisse être en capacité émotionnelle et intellectuelle d’agir dans le présent et dans le futur pour changer : introduire un nouveau paradigme, basé sur la confiance, l’amour, l’estime de soi et la reconnaissance de son plein potentiel.


L’atelier travaille comme un outil thérapeutique et artistique libérateur puissant. Il vise à se libérer de schémas de limitations qui engendrent blocages et souffrances, à travers la prise de conscience et la transformation en actes.








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